mercredi 4 mai 2016

ETHIQUE MEDICAL



Le DILEMME DE LA FIN DE VIE ;
……….MALHEUREUSEMENT LA VIE DOIT S’ARRETER.
Dr KOUAME KOUAKOU*

Deux contributions parues sous forme d’articles dans le QUOTIDIEN FRATERNITE MATIN. ; « FOUTUS MEDECINS» ET « L’ACCOMPAGNEMENT DES PERSONNES EN FIN DE VIE » ; laissent entrevoir la volonté d’avoir une chose et son contraire. En effet le premier article accusait les médecins d’avoir annoncé à un patient son pronostic fatal ; tandis que le second reprochait aux mêmes praticiens, la rétention de l’annonce  d’une telle évolution de la maladie aux malades et à son entourage. Accusés d’être des « accélérateurs de décès » dans un cas, et « des violeurs de droits du patient » dans l’autre ; il nous est apparu nécessaire de réagir. Des voix plus autorisées auraient dues le faire ; cependant il nous est indispensable de faire l’œuvre qui peut aider à la connaissance d’une telle problématique.
La MORT fait partie intégrante de la médecine, et partant de la science. La THANATOLOGIE (science qui étudie la mort) nous a hantée lorsque nous étions étudiants pour nous poursuivre maintenant que nous sommes médecin réanimateur. Les services des soins intensifs et de réanimations sont connus pour être des lieux de fortes mortalités, à telle enseigne que les plus rusés n’en créent pas dans leurs structures sanitaires. Une des questions essentielles de notre profession est de donner de la dignité à l’homme ; même lorsqu’il est mourant. Cette idée est l’essence même de la création des hôpitaux. Cette science ne nous a pas permis d’accepter et de préparer à la mort. C’est certain puisque les uns ne veulent pas qu’on annonce au patient l’issu fatal de sa maladie, tandis que les autres, disent qu’au regard du droit, le patient doit connaitre  son pronostic vital, une fois aux mains des médecins.
Comment dépassionner, ce débat ; d’autant que les premiers qualifient les médecins de « foutus » et les seconds de « prédateurs  de droits » et donc au final, les médecins apparaissent comme « des usurpateurs de bonne conscience ». Qu’est-ce qu’un médecin ? Cette question  a été traitée ici sous forme dubitative et il me semble qu’une réponse appropriée doit être donnée.  La médecine est une profession libérale et elle est exercée sous conditions. Notamment être diplômé (avoir la connaissance et la compétence) et être inscrit à l’ORDRE DES MEDECINS (pour justifier sa bonne moralité et garder sa liberté professionnelle). Ces conditions cumulatives autorisent l’exercice de la profession médicale en Côte d’Ivoire.  Le médecin, cependant ne peut pas tout faire et c’est « sa conscience » qui doit le limiter. Pour fixer ses limites ; la loi va définir clairement ses RESPONSABILITES, comme pour tous citoyens. Donc quelles vont être les responsabilités de tout citoyen vis-à-vis de la MORT et partant de la MALADIE ; et plus de la SANTE ? Sans faux fuyant ; notre mort ; notre maladie et notre santé sont-ils  de notre responsabilité ?
Vues sous l’angle des responsabilités, ces différentes notions donnent plus de visibilité à chaque partie. Jean ETTE écrivait que « le risque santé est très mal perçu en Côte d’Ivoire » ; et cette mauvaise perception est visible à travers par exemple un discours sur la CMU qui tend à dire qu’on va se soigner avec 1000FCFA par personne en lieu et place de 1000FCFA PAR MOIS ET PAR PERSONNE DANS LA FAMILLE. Et pourtant le mérite de la CMU est de ramener la question de la santé au centre de notre préoccupation et c’est une bonne chose. Que dire de la maladie ? Ne nous trompons pas, il n’existe pas chez nous de loi sur la santé qui dit  « clairement » que lorsque vous êtes « malades », vous devez vous faire soigner par « un médecin ». Donc libre à vous d’avoir votre parcours de soins, qui peut passer chez le guérisseur ; le prêtre-pasteur ; le marabout et même votre cousin ou votre voisin, chez qui vous pouvez avoir une prescription. A contrario, aucun texte de loi ne dit que ce sont les « médecins » uniquement  qui sont habilités à effectuer des prises en charges en cas de maladies. Alors d’où vient que la responsabilité du médecin est en jeu, lorsque le malade vient à mourir?
Il est frappant  que dans ces moments, l’on oublie que le patient a vécu, il a une histoire, il a un environnement, il a un mode de vie et surtout qu’il avait ses déterminants propres et qu’il lui revenait de les gérer aux mieux. La rencontre entre le médecin et le patient se fait dans un cadre qui est toujours règlementé pour le médecin. De cette rencontre naissent des responsabilités (obligations) dont le plus important est le SECRET MEDICAL. Et dans l’absolu, le secret médical, n’est pas opposable au patient. Mais dans les faits il appartient aux médecins de gérer cette question avec tact et doigté (ILS DOIVENT S’ADAPTER). En tout état de cause, au regard de la           loi ivoirienne toute violation de tout secret « professionnel »est puni (code pénal article 388). Certes, notre société s’occidentalise et  quand survient la mort, les ressentiments sont forts, mais pour terminer je citerais le Professeur PORTES, mais aussi en hommage à notre maitre à tous ; le Professeur BOHOUSSOU KOUADIO ; qui nous l’a rapportée ;  « Il n’y-a pas de médecin sans confiance, pas de confiance sans confidences et pas de confidences sans secrets ». Et donc pour le bien de la MEDECINE, LE SECRET MEDICAL en CI sera maintenu envers et contre tous et parfois le patient lui-même.
Le dilemme des questions de fins de vie, se pose avec acuité en OCCIDENT et souvent, il, est demandé à la justice d’intervenir. Mais ici, il va être fait appel, le plus souvent aux dispositions légales et réglementaires pour se déterminer. Dans les mêmes dilemmes il est recommandé au médecin d’échanger avec d’autres confrères et de prendre une décision collégiale. Loin d’être uniquement une question de texte de loi, la mort est surtout une question de santé à mon sens et donc devrait faire appel aux outils de gestion de cette matière. Les sciences de la santé nous aideraient à faire le choix du juste milieu entre les responsabilités qui sont les nôtres et celles du patient mourant. L’éthique médicale dans tout son sens recommande de « tout faire pour le bien du malade » et donc il revient au médecin d’endosser la responsabilité la gestion d’une fin de vie à visage humain pour son « client »

                                               Médecin anesthésiste réanimateur
                                               Spécialiste en Gestion des Programmes de SANTE
                                               Dr.kkouakou@yahoo.fr

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