Contexte
1. La crise politique qui secoue la Côte d’Ivoire depuis
2002 a induit une forte détérioration de la situation économique et sociale des
populations ; d’importants reculs ont été enregistrés en particulier sur
le front de la lutte contre la pauvreté et de la réalisation des objectifs du
millénaire pour le développement (OMD). Le niveau de vie s’est dégradé avec
l’augmentation du taux de pauvreté de 38,4% en 2002 à 48,9% en 2008. La
pauvreté est plus aigüe en milieu rural qu’en milieu urbain et les disparités
régionales sont fortes. Elle touche près de quatre personnes pauvres sur cinq
dans le Nord et l’Ouest (63,2%), le Centre-Ouest (62, 9%), le Nord-Ouest
(57,9%), le Centre Nord (57, 0%) et le Nord-est (54,7%) ont des taux élevés se
situant au-delà de la moyenne nationale.
2. Avec les affrontements et les déplacements massifs de
population de la crise postélectorale de novembre 2010 à avril 2011, la
situation s’est encore dégradée dans les domaines de la santé, de l’éducation,
de l’eau, de l’assainissement et de la protection civile et sociale. Plus
spécifiquement, le système sanitaire
ivoirien souffre à la fois de difficultés de développement structurelles depuis
la crise de septembre 2002 et des effets du conflit récent qui a induit
pillages et destructions d’infrastructures, d’équipements et de stocks de
consommables et de médicaments et qui a
profondément désorganisé un système déjà fragile. Cette crise s’est traduite
par le déplacement du personnel de santé, le pillage des infrastructures
sanitaires et leur occupation anarchique par les populations déplacées et les
combattants et une recrudescence des maladies à potentiel épidémique telles que
le choléra.
Situation et
politique du secteur de la santé
3. Les taux de mortalité[1] maternelle et infanto juvénile sont respectivement de
470 pour 100 000 naissances vivantes et 116,9 pour 1 000. Le taux de prévalence
du VIH/Sida[2] est estimé à 3,4% en 2010.
4. Malgré cette situation critique, le budget alloué à la
santé reste faible. La part annuelle du budget de l’Etat alloué au ministère en
charge de la santé était de 5% en 2007 et 2008 en lieu et place des 15% recommandés
par l’OMS. La contribution de l’Etat dans la dépense totale de santé est de 17%
tandis que celle des ménages et des partenaires au développement représente
respectivement 69% et 13% en 2008[3][4].
5. Le Plan National de Développement Sanitaire 2009-2013 n’a
pas été pleinement mis en œuvre du fait de la période de crise qui a fait se
succéder des situations d’urgence. L’atteinte des OMD santé, notamment les OMD
4, 5 et 6 relatifs à la réduction de la mortalité infanto-juvénile, maternelle
et à la lutte contre les maladies transmissibles dont le VIH/Sida, le paludisme
et la tuberculose n’est pas réalisable dans le contexte actuel.
6. « Vivre Ensemble », le programme du candidat
Alassane Ouattara devenu feuille de route du gouvernement, traite de la santé
dans les chapitres 7 et 9 intitulés respectivement « Rehaussons le rôle
des femmes et des familles » et « Réorganisons notre système de
santé ». Sur la base de cette feuille de route, le DSRP est en cours de
révision sous la houlette du Ministère du Plan et du Développement. Cette vision
doit ensuite être transposée dans les politiques sectorielles par les ministres
concernés.
7. Le « Programme de travail gouvernemental »
de juillet 2011, à travers une matrice d’actions prioritaires, a fixé les
orientations de chaque Ministère à l’horizon de six mois, les élections
législatives étant programmées pour décembre 2011. Ce programme assigne au nouveau
Ministère de la Santé et de la Lutte contre le Sida (MSLS) la mission d’assurer
la réorganisation du système de santé, via 9 actions. La mesure phare de cette
période post-crise a été la gratuité des soins : l’action n°1 se décline
comme l’amélioration de « l’accessibilité
financière par la poursuite de la gratuité de la prise en charge des soins de
la population dans les établissements sanitaires publics pour une période
transitoire de six mois ».
8. Parallèlement, les documents de politique sectorielle
(et leur déclinaison programmatique et budgétaire) sont en cours de révision,
selon un chronogramme présenté par la Ministre de la Santé aux partenaires du
secteur à l’été 2011. Ainsi, la Cellule de Prospective et de Stratégie
(CPS) du MSLS a-t-elle préparé un nouveau document de Politique Nationale
de Santé en octobre 2011 qui fixe les grandes orientations et stratégies qui
seront reprises dans le prochain PNDS.
9. Le MSLS, à travers sa structure technique le Programme
National de Développement de l’Activité Pharmaceutique (PNDAP), a validé en
octobre/novembre 2011 un Plan Directeur Pharmaceutique National (PDPN)
2012-2016 encore appelé Plan National Stratégique d’Exécution de la Politique Pharmaceutique
Nationale. Ce plan quinquennal doit servir de guide pratique aux différents
acteurs du secteur pharmaceutique notamment ceux de la réglementation
pharmaceutique, de l’approvisionnement et de la promotion de l’usage rationnel.
La situation de la Pharmacie de Santé Publique (PSP) en charge de l’achat et de
la distribution des médicaments et consommables pour le secteur public
constitue en effet l’un des principaux goulets d’étranglement du système sanitaire
public sur les dix dernières années.
10. La Couverture médicale universelle (CMU) constitue
également l’une des priorités affichées du Président Ouattara : le Ministère
de l’emploi, des affaires sociales et de la solidarité a ainsi mis en place un
Groupe de travail sur la CMU qui a produit un 1er document en
octobre 2011.
11. Deux documents de stratégie concernant deux autres
piliers de systèmes de santé ont été produits ces dernières années, le Plan
stratégique de développement des ressources humaines du secteur de la santé
(PSDRHS) 2009-2013 et le Plan d’amélioration des performances du Système
d'information et de gestion (SIG) (ex-Système national d'information sanitaire –
SNIS).
12. Le Bureau national d’études techniques et de
développement (BNETD) a fait une offre de mise à jour de la carte sanitaire en
mai 2011, portée par le ministère et le conseiller du Président en charge de la
santé au titre de sa connaissance du secteur et des infrastructures sanitaires
ivoiriennes dont il a historiquement piloté la mise en place.
13. Le secteur privé est fortement impliqué dans le
secteur de la santé, regroupé dans deux syndicats bien organisés (l’un pour les
praticiens indépendants et l’autre pour les cliniques privées). Un Forum
national pour l’amélioration de l’environnement des affaires dans le secteur
privé de la santé a eu lieu début 2008 et deux séminaires sont en cours
d’organisation concernant les partenariats publics privés dans la santé
(problématique du conventionnement et du contrôle public essentiellement) et la
fiscalité, afin de stimuler la mise à niveau des plateaux techniques des
cliniques et la lutte contre la fraude.
14. La Côte d’Ivoire a signé l’accord d’adhésion à
l’initiative Partenariat international pour la santé et les initiatives
apparentées (IHP+)[5].
15. Les principaux partenaires techniques et financiers
présents dans le secteur de la santé en Côte d’Ivoire sont (i) sur les sujets
VIH/Sida et paludisme : President's Emergency Plan for AIDS Relief
(PEPFAR), le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le
paludisme (FM) et la Banque Mondiale (BM) (ii) sur le renforcement du système
de santé (RSS) : l’Union Européenne (UE), la Banque Africaine de
Développement (BAD) - réhabilitations dans le cadre d’une aide budgétaire
globale, le Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF) et l’Organisation
Mondiale de la Santé (OMS) - sous forme d’appui technique. A fin octobre 2011,
les perspectives d’injection de financements nouveaux pour le RSS sont
limitées au projet de 15 millions € financé par l’UE (les deux axes
sont la santé communautaire et la PSP) ;
[1] Enquête sur les
indicateurs du Sida (EIS 2005), décembre 2006.
[2] Rapport National United
Nations General Assembly Special Session (UNGASS 2010) Côte d’Ivoire
Janvier 2008 – Décembre 2009 – Secrétariat technique du Conseil national de
lutte contre le sida (CNLS), mars 2010.
[3] Comptes Nationaux de Santé 2007-2008
[4]
National Health Accounts: What do they reveal in Côte d’Ivoire? Anne Juillet, Health Systems 20/20, Abt
Associates, June 15, 2011, Global Health Conference, Washington, DC.
[5] Côte d'Ivoire sent a
letter in August 2011 declaring its adherence to the principles and commitments
of IHP+ - http://www.internationalhealthpartnership.net/en/countries/cte_divoire
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire